Voyance au Moyen-Age

La voyance Moyen-Âge se divise en plusieurs catégories en fonction des gens qui la pratiquent, des croyances de l’époque mais aussi en fonction des moyens de chacune des couches de la population. Car si les membres de l’église aimaient traiter leurs « concurrents » de sorciers et s’empressaient de les brûler au nom de Dieu, ce n’est pas pour cela que la voyance à disparue, bien au contraire, le nombre même de divinations était bien plus élevé avant qu’aujourd’hui.

La voyance dans le monde paysan

Au Moyen-Âge les paysans étaient les premier à pratiquer la voyance mais pas comme nous le faisons aujourd’hui c’est à dire avec des cartes ou un pendule pour trouver des réponses à des questions précises et si possibles datées. Non, à cette époque les gens essayaient de connaître les bons et les mauvais présages avant une naissance, pour une récolte, ou pour savoir ce qui allait se passer lors des grandes épidémies. Donc à ce moment là des pratiques comme l’aéromancie (le vent) ou la bléomancie qui consistait à lire le futur ou des présages à l’aide du blé. Tous ces modes de voyance utilisaient des objets du quotidien, c’est d’ailleurs pour cela que ces arts sont oubliés car ils n’apportaient pas de grandes précisions. Donc même si le monde paysan était très fortement influencés par la religion, ils n’en étaient pas moins croyant en une divination issue du paganisme.

La culture païenne restait forte dans les campagnes au grand dam de Saint Augustin qui fit le recensement de pratiques divinatoires. Dans Sur la divination des démons, il écrivit même que la voyance était une pratique démonique. Saint-Thomas d’Aquin pensait lui aussi que la voyance pouvait être démonique. Mais les paysans qui ne savaient pas lire et qui surtout avaient des questions importantes auxquelles l’église ne répondait pas, continuaient de pratiquer la voyance. Cela est logique car l’église parlait des morts, de la morale, du paradis et de l’enfer mais jamais vraiment du présent et encore moins de l’avenir, sauf pour faire peur aux gens.

Les devins étaient aussi considérés comme des démons et il était interdit dans certains endroits de faire appel à eux. Les voyantes et les voyants prenaient au Moyen-Âge beaucoup de risques en pratiquant leur art.

Les astrologues

Les astrologues n’étaient pas beaucoup mieux considérés. Ils cherchaient à mêler science et prédiction, comme aujourd’hui, mais sans réel succès. Les religieux n’étaient pas dupes, et certains étaient de toute façon perméables à la science, aussi la pratique pouvait s’avérer dangereuse. Mais les astrologues, comme nous l’avons-vu plus haut, répondaient à des questions précises auxquelles l’église ne répondait pas. Aujourd’hui, c’est pareil, quand on se pose des questions sur son avenir amoureux on se tourne vers son astrologue, pas vers les prêtres. Et cela est très typique des religions monothéistes qui cherchent à garder l’exclusivité de la croyance sans pour autant répondre à tous les questionnements.

En jugeant la voyance aujourd’hui sur des principes de morale et de charlatanisme, on le fait le plus souvent sans le savoir en suivant des bases judéo-chrétiennes ou islamiques. Aussi l’influence des religions est toujours très présente dans notre manière de penser même si on ne croit pas en Dieu.

En plus, le christianisme cherchait à tout contrôler mais on le voit encore ici, il n’était pas simple de changer complètement les mœurs. C’est pour cela que même dans la classe sociale que l’on pourrait qualifier de savante, la voyance était tout pratiquée car en observant des étoiles on faisait des prédictions à l’image de Nostradamus qui avait une formation de médecin au départ.

L’astrologie est quoiqu’il arrive un art divinatoire qui n’est ni reconnu par la science, ni par la religion. Mais il est intéressant de noter que dès ses débuts elle a cherché à se draper de science, comme si elle voulait se protéger et exister sérieusement. Mais aujourd’hui encore trop de zones d’ombres persistes et ni la religion, ni la science ne la reconnaissent.

La noblesse

Portrait du roi en 1445Les nobles consultaient les oracles, les astrologues, c’est donc le signe que même en l’an 1000 la voyance restait dans les pratiques courantes. Par exemple pendant la guerre de cent ans c’est bien un présage divinatoire qui mit le roi Charles VII sur la voie vis-à-vis de Jeanne D’arc. Utilisant cette croyance à son profit, utilisant la ferveur qu’elle dégageait pour galvaniser le moral de son armée, il pût reprendre le contrôle de territoires jusque là perdus et reprendre la main sur une France à l’agonie. Cet exemple illustre très bien la relation qui existe entre divination et pouvoir, montre bien à quel point les croyances peuvent servir des intérêts personnels. Encore une fois, l’église ne pouvait pas tout contrôler, tout régir surtout lorsqu’on parlait des puissants.

L’église elle-même

Faites ce que je dit mais pas ce que je fais! C’est ce qu’aurait pu dire bon nombre de membres de l’église durant le Moyen-Âge car eux aussi croyaient en la voyance. En effet en cherchant des présages dans les saintes écritures ou en cherchant à interpréter les influences de reliques sur le temps, eux aussi faisaient de la divination mais eux en avaient le droit. Par exemple si une huile sainte d’habitude solide passait à l’état liquide alors c’était un signe interprété de manière particulière. Quand on interprète un signe pour en tirer une prédiction que fait-on? De la voyance.

Cela-dit, l’église fermait les yeux sur bien des pratiques issues du paganisme car elles était très présentes mais aussi car toutes ne représentaient pas une menace pour elle. Il faut savoir que le Moyen-Âge n’a pas été que chasse aux sorcières et buchers, en effet, il était plus mal-vu d’être protestant ou de ne pas croire que d’aller à l’église tout en se donnant à une petite divination à l’occasion. Sachant que ce n’était pas un commerce mais que les superstitions étaient fortes, il y avait une certaine tolérance.

Une véritable culture de la voyance

Ainsi comme nous venons de la voir le Moyen-Âge n’est pas une période obscure ou tout s’est arrêté. En effet les croyances sont restées présentes et sont restées fortes pendant toute une période que l’on pensait pourtant dure et intolérante.

Aussi, bon nombre de croyances ont traversées le temps pour nous parvenir comme le tarot de Marseille. Cette pratique remonte vraisemblablement au XVe siècle et nous vient d’Italie.
Des superstitions sont encore présentes aujourd’hui dans notre culture comme l’oniromancie qui est même aujourd’hui encore très recherchée sur internet. Cela est dû au fait que la problématique de réponses immédiate est toujours la même, à savoir que ni le catholicisme, ni l’islam ne répondent à nos questions courantes.